Vous le savez désormais, chez Sélène Provence nous aimons mettre en avant et valoriser le travail des entrepreneures françaises, ces femmes qui font bouger les lignes et qui créent et inventent avec brio. Nous vous proposons principalement des interviews de nos créatrices partenaires - ces femmes qui vous proposent une garde-robe engagée, stylée et éco-responsable - mais aujourd’hui c’est celle d’Elsa que nous aimerions vous partager.
Elsa Goberville est styliste et dessinatrice pour marques engagées. Forcément, on a eu envie d’en savoir plus sur son parcours, son quotidien d’entrepreneure et les valeurs qui l’animent. On est ravies car on pourra rencontrer Elsa “en vrai” prochainement au salon Who’s next à Paris, dédié à la mode et en partie à la mode éthique.
C’est donc au téléphone que nous avons pu échanger avec Elsa pour vous dresser son portrait. Merci encore Elsa !
Du dessin au stylisme, il n’y a qu’un pas
Elsa a aujourd’hui 29 ans mais c’est dès sa plus tendre enfance qu’elle a commencé à dessiner. Sa passion l’a ensuite conduite vers l’univers de la mode et c’est ainsi qu’elle a étudié le stylisme et le modélisme à l’école parisienne Esmod de 2010 à 2013. Ses stages la conduisent ensuite vers la mode enfant, puis ses expériences professionnelles suivantes vers la mode homme et la mode femme : Elsa découvre l’étendue des possibilités.
En 2020, après de longues réflexions et en écoutant sa petite voix intérieure, elle décide de se lancer à son compte. Son entreprise ne compte pas uniquement le stylisme puisqu’elle décide également d’ajouter l’illustration de mode comme projet pour ses client.es. Le dessin est une passion qu’elle ne souhaite pas perdre et qui lui permet de proposer davantage de prestations et se différencier. On pourrait croire que le stylisme permet de dessiner mais pour Elsa, ce n’était pas suffisant.
C’est ainsi qu’Elsa entame son nouveau métier : celui de styliste et illustratrice engagée.
Style et valeurs : comment se dévoiler en un croquis ou en un vêtement
Chaque artiste doit trouver son style. Pour Elsa, le chemin est rapide - ayant suivi le dessin de mode en cours, elle avait déjà l’habitude de travailler sur des silhouettes très détaillées, avec beaucoup d’ombres et de textures sur les vêtements pour les mettre en valeur, c’est donc tout naturellement qu’elle a choisi cet univers. Elle y ajoute beaucoup de couleurs et sa patte artistique semble toute trouvée.
Elle passe du dessin traditionnel au dessin digital en conservant le même esprit. Ses silhouettes sont semi-réalistes, détaillées et colorées. Elle essaie tout de même le minimalisme mais se rend compte qu’elle s’y retrouve moins.
En dessinant, Elsa aime penser que l’on peut se projeter et s’imaginer toucher le vêtement, le sentir sous ses doigts. De quoi voyager sans bouger. Il est d’ailleurs déjà arrivé qu’on craque sur les dessins d’Elsa et qu’on lui demande si elle pourrait réaliser les tenues en vrai ! Cela la touche toujours beaucoup.
Pour le stylisme, c’est venu plus tardivement. Adolescente, Elsa est fascinée par les tenues toujours très pointues de Blair Waldorf, héroïne ultra lookée de la série américaine Gossip Girl, et rêve alors de dessiner ses tenues.
Finalement, au début de sa carrière professionnelle, Elsa s’oriente vers l’univers de la mode homme ainsi que la mode enfant alors qu’elle pensait préférer la mode femme. Au final, elle se rend compte au fil de ses expériences, qu’elle aime travailler sur toute la famille : le côté technique des vêtements masculins, créatif des vêtements enfantins et si facile des vêtements féminins tant elle se projette alors facilement.
D’une mode peu inclusive à un dessin engagé
Point noir pour Elsa : la non-inclusivité dans la mode. Ainsi, l’illustratrice essaie au maximum de diversifier les modèles de ses dessins pour une meilleure représentation des femmes aujourd’hui. C’est également un engagement auprès des marques avec lesquelles elle travaille.
Elsa tire la sonnette d’alarme : “malheureusement, énormément de personnes sont mises de côté - les personnes qui font un 42 ou 44 le sont et plus on a une grande taille, plus c’est compliqué. Il faudrait que ces personnes-là se sentent incluses, elles devraient pouvoir acheter des vêtements à leur taille, sans se dire “je ne compte pas”.”
De son côté, Elsa essaie de sensibiliser les marques aux grandes tailles : plus de femmes font un 46 qu’un 36 en France et la mode ne suit pas la réalité !
A 15 ans, Elsa est complexée et est pourtant en plein dans la norme française avec son 40/42. Dans les magazines, à la télévision, dans les publicités… elle n’est pas représentée. Aujourd’hui elle aimerait montrer à toutes celles qui se sentent exclues qu’elles comptent pour de bon.
Aux marques elle aimerait dire : il y a un marché, une demande, donc allez-y.
Ses conseils pour développer sa confiance en soi
Comment faire alors dans cet univers peu inclusif (pour le moment) ? Elsa essaie de suivre ses propres conseils même si ça n’est pas toujours évident, elle s’auto-coache au quotidien car la confiance en elle n’est pas naturelle chez Elsa.
Un premier conseil d’Elsa serait de déconstruire et remettre en question ce que nous montre la société. En quelques mots, se dire « Je ne suis pas représentée, mais le problème ne vient ni de mon corps ni de mon identité, mais de la société. Il se trouve que j’existe et que je suis aussi légitime que d’autres. Je veux pouvoir m’habiller et entreprendre comme bon me semble, et je le ferai ! ». Pour Elsa, il faut oser et ne surtout pas s’isoler.
Un deuxième conseil : suivre des comptes positifs et qui nous font du bien sur les réseaux sociaux. Cela peut sembler être un détail mais c’est une première étape vers l’acceptation de soi. Suivre des comptes positifs permet également de communiquer et échanger avec des personnes qui nous ressemblent et partagent nos valeurs. Se dire que l’on n’est pas seules et voir d’autres femmes s’aimer telles qu’elles sont, qui plus est avec la même morphologie que nous, cela donne véritablement confiance en soi.
Quelques idées de comptes positifs : Almé Paris, Je ne sais quoi, Meuf Paris, Isaia Paris, les Militantes et Intrepide Studio pour des marques inclusives et parfois non genrées ; Claire B illustration pour des illustrations et Celeste Barber pour la positivité et l’humour.
Le parcours d’une entrepreneure créative...
Elsa démarre son deuxième trimestre d’entrepreneure et en ce début d’un long chemin (on le lui souhaite), les challenges sont multiples.
Elle se remet souvent en question, se dit qu’elle ne va pas y arriver, que l’entrepreneuriat n’est pas fait pour elle et qu’elle n’a pas assez de courage. Heureusement, Elsa a reçu beaucoup de soutien de ses proches.
Ce qui l’a aidée également ? Regarder beaucoup de vidéos en ligne, écouter des podcasts pour modifier son état d’esprit, développer son réseau pour rencontrer des femmes comme elle et petit à petit se dire qu’elle peut aussi y arriver.
En matière de podcasts, Elsa recommande “J’peux pas j’ai business” de Aline Bartoli via The BBoost pour des conseils techniques et des encouragements. Elle a aussi lu avec plaisir le blog d’Ëlodie pour les illustrations inspirantes et glâner des conseils en tant que femme entrepreneure, ainsi que celui de Julia Coudert et Julie Fabre “I don’t think I feel” pour des informations sur le monde du freelance.
Son prochain projet ? Elsa a ouvert sa boutique Etsy il y a un mois et aimerait y ajouter des portraits personnalisés pour les particuliers… ou même d’animaux ! Elle reçoit de nombreux messages positifs sur son compte Instagram et l’idée de proposer cette option sur mesure lui est rapidement venue.
Elsa essaie de changer son état d’esprit, elle se sent plus capable qu’avant même si aller vers les autres n’est pas encore toujours un exercice facile. Elle doute encore et a peur qu’on la prenne pour une opportuniste, n’a pas encore tout à fait confiance en elle.
Prochainement ? Elle se rendra au salon Who’s Next début septembre à Paris en tant que visiteuse - le plus grand salon de la mode (et mode éthique) en France (où nous la retrouverons) et se renseigne sur des salons de l’illustration pour se faire connaître et échanger avec d’autres artistes. Elle aimerait également rejoindre des groupes de femmes entrepreneures à Paris pour networker (n’hésitez pas à nous dire si vous avez des conseils et nous les lui transmettrons).
Quant à sa routine, Elsa se crée une to do list à la semaine plutôt qu’à la journée pour laisser de la place à l’imprévu.
Elle est du matin et travaille dès 8h et toute la matinée sur des missions qui nécessitent toute sa concentration : administration, prospection, stylisme… et les après-midis elle se concentre sur des projets plus créatifs et reposants comme les illustrations.
Les conseils et engagements d’Elsa
Ses conseils ?
- croire en soi - l’entrepreneuriat est un travail de longue haleine mais si d’autres sont capables d’y arriver, alors nous aussi
- être bienveillant.e avec soi-même - même si on donne tout, les choses n’iront pas toujours dans le sens escompté et ça n’est pas grave, on réussira à rebondir
- et conseil supplémentaire pour celles et ceux qui aimeraient devenir illustrateur.ices : soyez inclusif.ves car le monde en a bien besoin !
Et pour ses engagements, Elsa se pose justement la question : doit-elle davantage prendre la parole en tant qu’illustratrice et styliste ? S’exprimer sur les sujets qui la révoltent ou la touchent, au risque de créer une polémique ? Elle est féministe mais ne s’engage pas pour le moment de manière professionnelle - outre bien sûr son inclusivité permanente. Toutefois, elle pense que ses crayons sont des moyens forts pour s’exprimer et il se peut - si elle devient davantage à l’aise sur la question - qu’elle transforme ses couleurs en messages puissants.
Un grand merci à Elsa pour notre échange et on vous invite bien entendu à découvrir sa page Instagram, son univers et son travail palpitant ! Comme vous vous en doutez, toutes les illustrations de l'article sont des créations d'Elsa : inspirant, n'est-ce pas ?
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